Affaire Griveaux : Juan Branco innocenté
Vous vous souvenez l’affaire Griveaux, à la veille du confinement ?
Les heures d’antenne pour tenter de démontrer ma culpabilité, les centaines d’articles humiliants, dégradants, fouillant dans les tréfonds de mon intimité, me faisant passer pour un menteur, un manipulateur, un imposteur, tentant par tout moyen de me détruire et de me dévaster ?
Tout était faux.
Aujourd’hui, la cour d’appel de Paris, en formation solennelle, quatre ans après, a non seulement dû le reconnaître, mais a condamné le barreau de Paris affirmant qu’aucun manquement ne pouvait m’être reproché, et a annulé le blâme qui m’avait été infligé pour me faire taire et m’écraser.
Cet arrêt fait suite au non-lieu que l’on sait. Il faut maintenant s’interroger sur ce qui l’a enfanté.
A 29 ans, jeune avocat, opposant politique au gouvernement et auteur d’un ouvrage, Crépuscule, qui figurait parmi les meilleures ventes de l’année et que la macronie craignait tant qu’elle l’avait signalé au Procureur de la République, j’ai été, par la justice de mon pays, placé sur écoute, sous surveillance policière, empêché d’assister mon client, d’exercer mes fonctions, harcelé par des paparazzis, exposé jusqu’au plus profond de mon être par des publications indécentes et infondées, ridiculisé publiquement par des accusations mensongères sans ne me voir jamais autorisé à me défendre, avant de subir une interminable instruction qui est allée jusqu’à perquisitionner la Sorbonne pour y saisir mes bulletins de notes et les faire fuiter dans des articles de presse, dont Marianne, dans le seul but de me dégrader.
Quatre ans d’enfer, de mensonges, passés à devoir se défendre de tout, et à justifier de l’évidence: une innocence qu’ils avaient cherché par tous moyens à entâché.
Qui fera croire que tout cela était spontanné ? Que tous ces moyens, déployés par tant d’institutions, avaient pour fonction de faire vérité ?
S’ensuit la question: qui a instrumentalisé ?
A un moment, le choix m’a été proposé. Tenir, ou céder. Alors que hurlant, il me l’exigeait, j’ai refusé d’obéir à mon bâtonnier qui m’exigeait de m’écraser, de me retirer, de céder et de laisser seul mon client. J’ai repris sa défense, avec honneur et dignité, et je l’ai protégé. Je n’ai rien lâché, pour lui, pour moi, pour tous ceux qui suivraient.
La haine qui s’est déployée alors, inédite, me restera toujours en mémoire. J’ai vu le pouvoir se déployer, du plus petit média au New York Times, une vague qui tentait de nous submerger.
En parallèle, se sont multipliées les procédures, les intimidations, les fausses accusations pour tenter de me destabiliser. Fallait-il céder, partir ? Tenir ?
Qui se souvient des opérations de surveillance nocturnes, dument documentées, des intimidations, des affaires montées de toutes pièces qui se sont depuis accumulées ?
Le pouvoir était en fureur, et ce que j’avais vécu avec Wikileaks se déployait. Il fallait abattre, détruire, sans égard pour le prix. Les pièges se sont multipliés.
On n’a rien lâché. On a vu se multiplier les couards, les menteurs, les petits tartuffes, parquetiers, juges d’instruction, commentateurs, sentant la chair fraiche et facile à déguster.
Tous ces petits êtres prêts à tout pour une promotion, complaire à un pouvoir qui les fascinait.
On l’a vue la laideur, monter, jusqu’au plus proche de l’intimité. Les tentatives de chantage, de compromis, les menaces qui de nulle part surgissaient.
Quatre ans d’enfer. Qui viennent de s’achever.
Que chacun s’interroge sur son suivisme, sur son acceptation de ce dont il est aujourd’hui sujet, sur le refus de la rébellion face à l’injustice, la volonté de salir, l’absence de considération pour l’honneur et la dignité. Sur l’indifférence au mensonge, à l’hallali, à la calomnie, la jouissance qu’ils trouvent à dévaster
Cette société ne va pas bien. Et toutes les instances censées la réparer sombrent, univoques, nous laissant exposés.
Il est devenu difficile de vivre en France, d’y agir, exercer, penser.
J’ai désormais 33 ans. J’ai eu droit, depuis, à des atrocités dont vous n’imaginez pas l’ampleur, que beaucoup trop de personnes continuent, par mille prétextes, de justifier.
Cela, c’est le symptôme d’un monde malade, qui ne sait plus se protéger, qui s’apprête à s’entredévorer.
On demeure là pourtant, sans ne rien lâcher. Toujours plus nombreux, unis par une idée de la beauté.
Un dernier mot.
A ceux qui seraient tentés de recommencer, aux Procureurs, bâtonniers, policiers, qui se croient protégés parce qu’ils obéissent à des ordres et à une hiérarchie qui apparaissant immuable, semblent en mesure de les protéger.
A tous ceux qui se prêtent gracieusement à un pouvoir dont la laideur ne sera jamais assez dénoncée.
Sachez que vous vous trompez. Que vous créez, par votre veulerie, votre corruption et soumission, la colère d’un pays humilié.
Et un jour, un nouveau jour, viendra où la terre tremblera. Et alors, la responsabilité de la moindre personne qui, piétinant la présomption d’innocence, l’état de droit, le respect de l’autre et des principes les plus fondamentaux de toute société, ayant trop cru à son impunité, sera recherchée.
Nous qui ne sommes pas vous saurons vous trouver.
Nous continuerons entre temps à nous battre, pour notre honneur, et notre dignité.