Le rapport Sauvé
Le rapport Sauvé, rendu public aujourd’hui, révèle que 300.000 enfants victimes d’actes de pédophilie au sein de l’Eglise seraient encore vivants.
Ce chiffre serait un « plancher », selon les termes des membres de la Commission, et a été accueilli sans contestation par les autorités écclésiastiques qui se sont engagées à lutter contre ce phénomène, après que plus de cinq mille signalements ont été traités. Plus de 3000 prêtres, clercs et autres membres de l’Eglise seraient concernés, faisant en moyenne près de 100 victimes chacun. Les chiffres sont ahurissants.
Pas un mot du Président. Pas une déclaration solennelle sur le sujet. Pas un engagement pour protéger nos enfants. Pas une mesure d’annoncée.
Pas un geste de Gérald Darmanin, ministre des cultes ; d’Aurélien Taché, nommé secrétaire d’Etat à l’enfance par l’entregens de Brigitte Macron ; ou du Premier ministre, afin de s’engager à ce que cessent ces pratiques systématisées
Silence complet et absolu du gouvernement.
Pas un hommage, non plus, de la part d’un quelconque des « politiciens de premier plan » qui hier s’ébaudissaient à la mort d’un escroc patenté, oubliant les milliers de vies brisées sur lesquelles sa légende dorée s’était érigée.
Je considère ce silence comme un crachat à la mémoire de ces victimes.
Il y a des sujets qu’il ne faut visiblement pas toucher. Et d’autres qui, au contraire, permettent d’alimenter la violence du système, en érigeant en modèle des êtres n’ayant fait que détruire et exploiter des personnes en difficultés, produisant grâce aux médias des fascinations qui justifieront ensuite toutes les cruautés.
Brigitte Macron a rencontré Emmanuel alors qu’il était âgé de 14 ans, dans le collège jésuite où elle enseignait. Conscients de cette faille dans le récit que Paris Match colporterait, les personnes les entourant ont décidé de mentir sur l’âge de leur rencontre, et de transformer cet épisode en une romance de rose teintée.
Ce faisant, ils érigeaient en modèle ce qui aurait dû nous effrayer, et alimentaient l’atroce machine que l’on nomme impunité.
Il y a cinq millions de personnes en France qui ont été, dans l’enfance, abusées. Tous les millieux sont concernés. Cela devrait être une priorité pour ceux qui ont décidé de nous gouverner.
Mais parfois, les silences les plus gênés ont des explications si aisées que personne n’ose les mentionner. Comment se battre sur ces sujets, alors que l’on s’est construits sur la glorification du plus gênant de nos secrets ?
J’ai honte de ces êtres avariés. De leur incapacité à lutter pour les fragiles de la société.
C’est comme s’ils avaient accepté que les corps soient des denrées à piller. La fatalité du mal, encore et encore renouvelée.