S’armer
Crépuscule
Crépuscule
Il y a cinq ans, dans le cadre d’une longue enquête, je dessinais le portrait d’un politicien aux dents de lait auquel personne encore ne s’intéressait.
Un certain Gabriel Attal.
Nous étions en 2018, et ce livre, intitulé Crépuscule, démontrait comment l’ascension d’Emmanuel Macron, loin du phénomène démocratique spontané, avait pris assise sur une fabrication oligarchique qui bientôt Attal propulserait.
J’y décrivais, en miroir, leurs deux parcours. Nous étions en 2018, et cet ouvrage, qui offrait une plongée inédite dans la façon dont le pouvoir se construisait en France, ferait immédiatement scandale, se voyant violemment attaqué par une presse aux ordres que je connaissais intimement, et dont les propriétaires, paniqués des secrets que je révélais, après m’avoir adoré, se répandraient dans le tout Paris en prétendant que tout cela n’était que mensonge, ressentiment et tromperie.
Cinq ans plus tard, tout est là. Gabriel Attal, qui n’était personne, un primodéputé de 28 ans pistonné par son amant, vient d’être nommé premier ministre. Et la confirmation de ce qui était annoncé devra interroger ceux qui, pendant toute cette période, auront benoîtement cru ce qu’on leur disait au sujet de ce texte, ou se seront tus par peur d’être ostracisés.
La publication de l’ouvrage, en libre accès, fut un véritable phénomène de société. Sans aucun relais médiatique, un million de personnes le téléchargèrent. 500.000 en écoutèrent la version audio, puis, une fois édité en librairies, 170.000 l’achetèrent.
Cette base immense, qui se voyait raconter comment la démocratie en France n’était qu’une illusion, suscita rapidement une inquiétude et une réaction effrénée de la part du pouvoir, mais surtout de ses relais, paniqué à l’idée que la vérité fut faite, non seulement sur ces êtres, mais sur la façon dont ils étaient propulsés. Rappelons-nous qu’Aurore Bergé alla jusqu’à saisir le Procureur de la République, m’accusant d’avoir « armé les esprits ». On ne rit pas. La suite, on la connaît.
Lorsque le livre paru – nous étions à l’automne 2018 – les gilets jaunes ne s’étaient pas encore élancés, et Paris roucoulait d’amour pour ce pouvoir que le reste de la France abhorrait.
L’omerta était telle que l’ouvrage ne trouverait de longs mois aucun éditeur, circulant de main en main, sous la poche. Des signaux faibles pourtant émergeaient. Gérard Collomb, débordé par l’affaire Benalla, refusait de faire ce qu’on lui demandait, et discrètement, démissionnait d’un pouvoir qu’il avait fait naître. Pendant près de quinze jours, personne ne lui succéderait, révélant une crise de régime qui se verrait habilement masquée par les perquisitions de la France Insoumise et la réaction déplacée de Jean-Luc Mélenchon. Comme un enfant, pris la main dans le pot, ne croyant pas ce qu’il voyait, il se laisserait avoir par une opération d’intimidation spectaculaire dont le seul objet était de détourner l’attention de ce qui, au gouvernement, s’installait. Trop franc, trop innocent, il fut ce jour là, de la macronie, le parfait instrument.
La crise politique était évitée, mais le peuple grondait. Car la France s’effondrait. Les premières pénuries de médicament accompagnaient un effondrement de l’école, de la santé et de la sécurité. Ce pouvoir sans légitimité ni provenance, n’avait d’autre choix que de piller, et multipliait les dispositifs fiscaux pour, d’un côté, récompenser ceux qui l’avaient fait, et de l’autre, le faire payer aux restes des français.
Personne ne se reconnaissait en ces êtres qui étaient censés les représenter, menteurs patentés qui, prétendant financer la transition écologique, créaient une taxe carburant pour financer le CICE, une exemption d’impôts pour les plus argentés.
Gabriel, qui n’était alors qu’un primodéputé pistonné par son amoureux, donc, Stéphane Séjourné, conseiller politique du Président, avait obtenu contre menues coucheries sa circonscription, et tentait de se frayer un chemin dans ce magma là. Il avait rencontré son compagnon après avoir été propulsé à 22 ans au cabinet de la ministre de la santé Marisol Touraine par les grâces de sa fille, aux côtés de son futur conjoint Olivier Véran et Benjamin Griveaux. 6000 euros par mois, chauffeur et secrétariat pour un jeune homme qui n’était pas encore diplômé – des privilèges qui lui seront désormais garantis à vie – voilà qui a de quoi séduire et exciter.
Sans parcours professionnel ni titres à proposer, on l’avait entendu défendre laborieusement deux réformes, Parcoursup et le SNU à l’Assemblée nationale, alternant entre l’insignifiant et le catastrophique. Il bégayait légèrement, et comme à chaque fois qu’il craignait que son imposture fût révélée, ou que ses mensonges furent décelés, laissait un sourire en coin le dominer.
Gabriel faisait des pieds et des mains, déjà, pour entrer au gouvernement. La rumeur bruissait auprès de ses camarades députés. De puissantes forces l’accompagnaient. A peine élu, ses premiers pas étaient immortalisés dans Paris Match. Rien n’était dit sur celui qu’il était. Une photographie mi-allongé, coupe de vin à la main, le mettait en avant laudativement, parlant de Fort Boyard et d’Orelsan, au soleil, en une pose lascive, chemise ouverte à la BHL, sur les quais de Paris devant la Seine et le Grand Palais. La semaine d’avant, ses vacances en Bretagne étaient contées. Paris Match, à 28 ans ? Ce sont des centaines de milliers de lecteurs chaque semaine. Chaque semaine, Gabriel, cet été de 2018 qui précéderait sa propulsion au gouvernement, y serait montré.
Comment faisait-il ? Paris commençait à s’interroger. Gabriel, lui, fonçait. C’est qu’après avoir fait le siège de son amoureux versaillais, Stéphane Séjourné, celui-ci lui avait arrangé une rencontre auprès de Brigitte qui au gouvernement, auprès de Blanquer l’avait promu, et de Mimi Marchand et quelques autres proxénètes et trafiquants, l’introduisait. C’était eux qui, à la manœuvre, avaient fabriqués ces articles que Paris Match et Bruno Jeudy s’étaient contentés de publier. Ces articles, en macronie, constituaient de puissants arguments.
Les mois passèrent, et Gabriel Attal, comme en tous ses postes, n’y fit que concrétiser son ambition effrénée. Le SNU, dont il avait la charge, s’effondrait, mais le petit cabinet qu’il avait pu constituer lui organisait déjeuners et dîners avec le tout Paris. En frénésie.
Gabriel avait compris que pour les êtres sans qualité, la solution était de courir, et de courir vite, sautant de maroquin en maroquin comme il irait de conjoint en conjoint, imitant Emmanuel Macron, c’est-à-dire recherchant ses promotions avant que le moindre résultat ne pût lui être attribué. Avant que le moindre échec ne pût lui être imputé.
Les postes passèrent, et les oligarques se rapprochèrent. Bernard Arnault donnait ses instructions au Parisien, tandis que Brigitte Macron appelait Marc-Olivier Fogiel pour lui dire de le couver. Les portraits flatteurs fleurissaient. Gabriel sautait à temps sur le porte-parolat du gouvernement que son nouveau conjoint quittait, tandis que Séjourné, à Bruxelles, se voyait exilé. Sentant les limites s’approcher, le voilà qui à nouveau s’enfuyait au ministère du budget.
Comme partout, il en partirait sans bilan, avant même d’avoir présenté un budget. Ministre de l’éducation, il se verrait propulsé à Matignon avant qu’une année scolaire n’ait été achevé et que la moindre mesure qu’il ait annoncé n’ait été appliquée. Qu’importait que les réformes sur le harcèlement, le brevet, le bac, n’eussent été appliquées. Qu’aucune loi n’ait été votée. Que les enquêtes annoncées n’eussent été lancées.
Agitation, mouvement et une importante équipe de communication – les seuls conseillers qui l’ont partout suivi traitent de ces questions: l’obsession, recouvrir l’imposture et se protéger de ses effets. Imiter le patron.
De ce qui a suivi, des tournées américaines au Bilderberg hollandais, entre deux plans comm’ avec des influenceurs financés par nos deniers et des émissions confessions sur les plus grandes chaines de télévision, il n’est pas besoin de le rappeler. La connexion Marchand-Fogiel-Macron a permis, ces derniers mois, un bombardement sur BFM TV dont personne n’a parlé, et qui n’avait qu’une vocation: préparer l’opinion à l’ascension du fils prodigue de l’Elysée, sur le modèle de Macron. Les dîners avec Crespo-Mara et Ardisson, l’invitation à 7 à 8, auront préparé le chemin à ce qui aujourd’hui est. Qu’importe que tout soit mensonger. Qu’importe que tout soit inventé. Aujourd’hui, Premier ministre, il l’est.
La France, nous l’avons dit, n’est pas une démocratie. Elle est une oligarchie où le contrôle de l’image vaut politique et façon de l’opinion.
Seuls ceux qui n’ont pas lu Crépuscule s’étonneront, a fortiori, se féliciteront, de ce parcours prodigieux que toute la presse va vous louer. Pour Gabriel Attal, c’est un soulagement. Le voilà à la tête de l’Etat, comme il en rêvait et l’annonçait depuis l’âge de 14 ans. Lui qui posait dans son yearbook de l’école alsacienne avec sa tête accolée à la photographie de Georges Pompidou, qui n’a jamais eu d’expérience professionnelle si ce n’est un stage pistonné à la Villa Médicis, a été incapable de compléter sa scolarité à SciencesPo, rit en privé des SDF et de l’école publique, qui n’a en lui la moindre once d’humanité, aura toujours su comment resquiller pour avancer. Alors même que son diplôme de Master a dû être arraché par la grâce d’une faveur de François-Antoine Mariani, bientôt conseiller d’Edouard Philippe, qui voulut lui éviter un humiliant redoublement, il est consacré.
Cet homme, comme tant d’autres avant lui, est désormais celui qui aura à décider de notre politique nucléaire et étrangère, antiterroriste, éducative et industrielle. Il n’en a jamais parlé. Il ne les a jamais pensées.
Cela doit nous amener à nous interroger, et nous interdire de nous étonner que l’on manque demain d’amoxicilline, de lits d’hôpitaux et d’enseignants, suite à des décisions prises par de tels gouvernants.
Je ne rentrerai pas en des considérations personnelles, sur le caractère profondément pervers et fourbe d’un être qui aura, tout au long de sa vie, fait montre d’une grande capacité à la cruauté et à la violence, elles-mêmes fruits de blessures mal pansées.
Il y a plus grave et plus dangereux, car ces êtres le sont, et prêts à tout pour asservir et dominer. Je vous raconterai la façon dont, se présentant en victime, il aura, à de nombreuses reprises, tenté de dévaster ceux qui le menaçaient. L’instrumentalisation de l’appareil judiciaire, de la police, pour semer la terreur en un pays que l’on rêve démocratique.
Il y a plus important que ces méfaits qui toucheront à ceux qui s’y sont opposés. Car la violence est l’instrument de ceux qui sont sans pensée et sans idée, et pour lesquels la politique n’est qu’un rapport de force dont le peuple est le nutriment. A peine arrivé au pouvoir, il faudra à Gabriel rémunérer et récompenser tous ceux qui, comme son maître, l’auront jusqu’ici appuyé. Et ce n’est que le début, puisque d’ores et déjà, 2027 est annoncé.
La course sera effrénée. Tandis que des notes, sondages et fiches Bristol préparées par des conseillers, vont se multiplier pour nourrir ses interventions au cours d’un dîner, d’une invitation télévisée, d’un débat parlementaire pour parler de sujets dont il n’a aucune idée, le fond se verra de toutes façons rapidement évacué.
Car si vous pensez que ces êtres vous gouvernent dans l’ambition de faire quelque chose d’un pays qu’ils n’ont jamais pensé, vous vous trompez. Les avez-vous un jour entendus parler de ce qu’ils pensent, de ce que nous sommes et deviendrons ? Ce n’est pas un hasard.
Être un politique aujourd’hui, c’est se vouer à décider chaque année de la distribution des ressources de l’Etat, ces milliards que nous produisons chaque année, et qui sont collectés par nos bureaucrates avinés. C’est être la personne qui pourra trancher en faveur de telle ou telle puissance, nommer les hauts fonctionnaires, recevant les informations qui, collectées par les services de renseignement, remonteront incessamment pour détruire ou protéger, distribuer privilèges et faveurs, opprimer et dévaster.
Voilà le pouvoir, pour les êtres avinés. Alors qu’importe Gabriel, ses failles et ses blessures. Son intimité, et ses béances, explorées et exposées. Son absence d’intellectualité, de rapport au monde et d’expérience d’un quelconque réel, cette ambition sans bornes et sans scrupules qui le consume et le dévore depuis qu’il est enfant, l’empêchant à tout rapport à l’autre et à toute pensée. Tout cela est qualité en un monde où les vices sont toujours récompensés.
Ce qui compte, c’est que ce qui vient sera d’une violence difficile à imaginer. Et nous en porterons tous une collective responsabilité.
Je prédis, en un environnement médiatique parfaitement contrôlé qui va lui attribuer mille succès, un jeu de massacres. Une rupture anthropologique. Car nous atteignons avec ces êtres, de nouveaux sommets. Que même Gérald Darmanin et Bruno Lemaire se soient inquiétés de sa nomination dit beaucoup de ce qui s’apprête à nous être présenté.
Il nous faudra l’assumer. Prévenus, passifs, silencieux et pour beaucoup égoïstes et sans solidarité, nous l’aurons cherché.
Notre société, qui ne sait plus s’exiger, prospère sur le pillage de pans entiers de l’humanité. Repue et confuse, médiocre, elle ne se plus donne aucune arme, ni pour protéger ceux qui cherchent à la féconder, ni pour abattre ceux qui n’ont pour objectif que de la piller.
Voilà un jeune premier, millionnaire avant ses trente ans de ce que lui offrait la société, que nous nous sommes montrés prêts à consacrer. Sans résister. Cela doit, sur nous et non sur lui, nous interroger.
La France est-elle une idée morte, au point que l’on accepte de la placer entre les mains d’êtres mortuaires et que la vie a depuis longtemps quitté ? N’est-elle plus qu’un système où la prédation, la dévastation, normalisées, justifient qu’à sa tête, des êtres sans beauté ni humanité soient propulsés ?
Je prédis à Gaby, qui n’a, en cinq ans au gouvernement et sept ans de carrière politique, jamais rien fait ni démontré, mais surtout rien apporté à la communauté, de grands succès. Et je vous prédis que vous aurez, encore et encore, à les payer pour en maquiller les insuffisances, de façon sonnante et trébuchante, comme nous l’aurons toujours fait.
Un dernier point. Que cela ne nous fasse en rien envie. Gaby, comme tant de ceux qui nous dirigent, n’est qu’un symptôme, et non, en soi, la difficulté.
Ce a quoi il a dû sacrifier pour devenir est difficile à concevoir. Je le connais, intimement. Je sais ce qu’il a à combler.
Je sais qu’il se vengera de ce qui de lui a été écrit, de ce qui a été dit de lui, et de la violence qu’il considère avoir subi, parce que des personnes auront osé dire de lui sa vérité.
Pronostiquez-moi des heures sombres, alors que tout un appareil d’État est à ses pieds. Mais prenez le d’abord en pitié. D’être ce qu’il est.
Et prenons-nous en pitié, d’avoir accepté que nous dominent des hommes dont la médiocrité ne cesse de prospérer, et qui n’ont que la violence, à défaut d’âmes et d’idées, comme qualité à nous proposer.
La peine parfaite – Tyrannie, Complots et Désirs de Dignité au Sénégal
La peine parfaite – Tyrannie, Complots et Désirs de Dignité au Sénégal
L’existence d’un complot visant à empêcher Ousmane Sonko de se présenter aux prochaines élections ne fait aucun doute. La question qui se pose est la suivante: pourquoi le pouvoir fait-il tant d’efforts afin de l’empêcher ?
Est-ce Dakar, ou l’Elysée, qui, avec une telle insistance, se battent pour s’assurer que la volonté du peuple sénégalais ne soit pas respectée, violant une démocratie qui avait jusqu’alors été respectée et admirée ?
En faisant condamner in extremis, ce jeudi 4 janvier 2024, M. Ousmane SONKO à la « peine parfaite » pour une diffamation qu’il n’a pas commise, au cours d’une procédure où l’un de ses avocats n’aura pu déposer ses conclusions de nullité ni plaider, se voyant expulser du territoire avant le procès, la Cour suprême a utilement servi ses maîtres avec l’appui d’un ministre du gouvernement sortant, utilement plaignant, Mame Mbaye Niang.
On n’avait pas réussi à le faire condamner pour viol, on n’avait pas réussi à le radier légitimement des listes électorales. La Cour suprême se montrait en effet craintive d’un revirement de jurisprudence trop grossier auquel elle se serait vue forcée. Donc, après consultations avec la Présidence, la Cour a accepté de faire audiencer, de façon précipitée, une affaire absurde et tombée dans les limbes afin d’obtenir la peine parfaite.
Cette même affaire de « diffamation » qui avait été audiencée à une vitesse historique par la cour d’appel de Dakar après que la décision du Tribunal n’ait convenu au pouvoir, puisqu’elle ne permettait pas, comme prévu, d’éliminer Ousmane Sonko.
Cette affaire par laquelle un ministre accusait M. Sonko d’avoir dit la vérité à son sujet, et le voulait pour cela condamné.
Six mois de prison avec sursis, donc, pour une affaire de diffamation, confirmés par la Cour suprême, soit la peine parfaite, permettant de justesse de rentrer dans les critères prévus par l’article L31 du Code électoral (à lire en lien avec les articles L29 et L30) rendant inéligible un candidat.
Signe que la peine, délicatement façonnée, a été décidée en opportunité de façon à s’assurer qu’elle produise les effets recherchés.
C’est un étrange pays qu’est devenu le Sénégal, où des magistrats véreux et corrompus, asservis, cherchent par tous moyens à préserver les formes et donner l’impression que l’Etat de droit restera.
Un pays où l’on élimine des candidats qui ont eu le courage de la vérité, parce qu’ils ont osé la dire. Parce qu’ils ont osé parler. Parce qu’ils ont osé s’exprimer.
Peut-être ces magistrats nourrissent-ils le secret espoir qu’après les convulsions politiques actuelles, et sur le dos de soixante cadavres et de mille corps et esprits emprisonnés, il se rétablira comme par magie, une fois la parenthèse Macky Sall contournée.
Peut-être simplement ont-ils compris, ces magistrats qui pour se rapprocher du sommet auront bien plus que brillé décidé le plus souvent de s’agenouiller, que leur seule fonction était d’habiller la violence du pouvoir, de la civiliser, comme en tout pays où le peuple est opprimé.
Leurs belles robes maquillées de sang éteignant la liberté et la souveraineté, la beauté d’un peuple aspirant à une dignité à laquelle ils ont, par fonction, renoncé.
A quoi sert un avocat en ces circonstances là ? A mieux jouer que l’adversaire, lui rappelant les règles jusqu’à le forcer à les appliquer, ou les violer et partant, le dénuder en montrant que depuis le début, les dés étaient chiqués.
L’article 34 du Code pénal n’ayant pas été invoqué par la Cour d’appel, Ousmane Sonko reste en droit (ré)inscrit sur les listes électorales depuis l’ordonnance du Tribunal de Dakar, en application de l’article L47 du Code électoral.
Et donc éligible à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Il faudrait que la décision de la Cour suprême soit notifiée à l’administration, puis qu’il soit procédé à sa radiation, puis qu’il soit procédé à la notification de cette radiation – suite à quoi M. Sonko aurait, en application de l’article L40 alinéas 7 et 8 du code électoral, un délais pour déposer un recours auprès du Président du Tribunal d’instance, dont la décision serait encore susceptible de pourvoi devant la Cour suprême.
Cela a une implication immédiate: la décision qui a été rendue ne sera pas invocable demain par le Conseil constitutionnel, qui, s’il veut éliminer Ousmane Sonko comme le pouvoir le lui a demandé, et comme en a décidé son Président suite à une réunion informelle déjà rappelée, devra invoquer le prétexte bureaucratique qui était initialement prévu. A savoir que le dossier d’Ousmane Sonko ne serait pas complet, que sa clef USB ne fonctionnerait pas ou d’autres encore billevesées.
S’il veut respecter le droit, il lui faudra admettre que la candidature d’Ousmane Sonko, qui dispose de tous les parrainages de députés exigés et a procédé à toutes les démarches exigibles, est recevable malgré les milles entraves qui lui ont été faites par l’administration.
Le Conseil constitutionnel ne va pas respecter le droit, et les règles que le pouvoir a lui-même édictées.
Parce qu’un potentat, sur une corniche esseulée, a décidé que son honneur avait été souillé, non parce qu’il a massacré soixante des siens, mais parce que ce sang versé l’a empêché de se représenter.
Alors, aigre et mauvais, pitoyable comme le sont tous les tyrans, il a décidé de bassement se venger.
Avec l’appui frontal et assumé de ses anciens négriers, représentants d’une ancienne puissance coloniale trop inquiète de perdre ses bases et ce qui lui appairait encore comme l’un des piliers d’une influence effondrée.
Le gouvernement français tient absolument à entrainer le Sénégal dans sa chute, et ne se formalisera pas de quelques centaines de cadavres supplémentaires et quelques centaines de milliers d’exilés. C’est pourquoi d’ailleurs il n’hésite pas à abandonner dans les geôles de Dakar Coline Fay, l’une de nos ressortissantes, coupable d’avoir, à 26 ans et par amour, revendiqué en une manifestation pacifique que les droits des peuples soient respectés.
Coupable d’avoir défendu les idéaux qui nous ont fondés, et que depuis des siècles, nos dirigeants n’auront eu de cesse de piétiner et de souiller.
Nos dirigeants peuvent trembler. Le temps du droit, des avocats et des magistrats – de cette pantomime tendant parfois au sublime, lorsque les règles sont respectées – arrive à sa fin.
Il n’y aura bientôt plus de robes pour tout cela déguiser.
Et alors le peuple oui. Dans toute sa rudesse, son indigence, sa brutalité.
Dans toute sa splendeur. Celle d’êtres qui, aspirant à la dignité, refusant de la voir piétinée, n’auront pas peur d’engager leurs corps pour faire face aux balles et aux crachats de ceux qui se seront pris de les diriger.
Au temps le temps. Il n’y aura pas d’impunité.
Depardieu | LE DIABLE ET LE GÉNIE
Depardieu | LE DIABLE ET LE GÉNIE
Tentative d’intelligence d’un fait divers
Premier point. Depardieu est un génie. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est accusé de viol. Son affaire, l’affaire Arnould, n’implique ni violence, ni menace, ni contrainte physique, ni surprise.
Seule une contrainte morale est invoquée par les magistrats, fondée sur une double affirmation : Depardieu est un monstre sacré ; et Mme. Arnould, qui le connaissait depuis enfant, voulant devenir actrice et était malade, ne pouvait lui résister.
C’est parce qu’il est un génie et qu’il avait sur elle une forme d’emprise qu’elle aurait concédé à deux reprises, à un acte sexuel avec lui.
Il est donc ridicule de critiquer ceux qui se sont pris de défendre M. Depardieu en rappelant ce fait : Depardieu est un génie. C’est le point de départ de son affaire.
C’est la reconnaissance par la justice de cette qualité qui lui vaut d’être poursuivi.
Deuxième point. L’affaire Depardieu n’existe dans l’espace public que du fait de la défaillance de l’appareil judiciaire français.
Cinq ans et demi après les faits, les magistrats n’ont toujours pas été capables de décider si un procès devait ou non se tenir contre M. Depardieu.
Cinq ans et demi passés par la justice à s’interroger sur la nécessité ou non de tenir un procès.
Ce n’est pas long. C’est interminable et scandaleux. Car ce sont cinq ans et demi qui suspendent la vie de tous les participants à la procédure, les figent, et pour certains, en dévastent les jours et les nuits.
Ces cinq ans et demi sont également une catastrophe pour la lutte contre les violences sexuelles.
Car à force de ne pas être résolue, et parce qu’il s’agit d’un personnage public, et parce que l’affaire a été médiatisée, la société finit par s’en saisir, et par vouloir agir là où la justice a failli.
Trancher.
Rien n’explique ces délais. Les faits sont reconnus. La procédure porte sur deux événements matériellement attestés, sur lesquels aucune enquête n’a à être menée, puisqu’aucun témoin n’était présent et qu’aucune trace matérielle supplémentaire ne saurait être retrouvée.
En somme, une fois la parole de chacun recueillie, les expertises – toute une histoire, les expertises… – faites, il faut juger, ou décider qu’il n’y a rien à juger.
L’absence de moyens, mal chronique de la justice française, n’est en rien responsable de cette durée. Il en va de même du comportement des parties, à pleine disposition de l’appareil judiciaire.
Pourquoi donc cette affaire si simple s’éternise, et mobilise des énergies, du temps, là où elle aurait dû être réglée ?
Hypothèse : la lâcheté. Les magistrats sont pris en étau entre le monstre sacré, la peur de le renvoyer – et la crainte à l’inverse que la société interprète un non-lieu, qu’elles qu’en soient les raisons, comme la preuve d’une insupportable impunité.
Ce dysfonctionnement contamine la société.
Il amène à ce qu’un Président de la République se saisisse d’une affaire individuelle. À ce que, sans pudeur, des milliers de citoyens, des associations, journalistes, intellectuels, donnent leur avis sur une affaire pénale censée être couverte par le secret.
Scrutent, observent, s’interrogent sur des paroles, des gestes, des corps. Des pensées.
Se substituent aux juges censés trancher.
Sans que rien ni personne ne puisse décider.
Et voilà des vies et des intimités prises, saisies entre les regards et les paroles, qui se prennent de les décortiquer, pour une durée indéterminée.
Dévastateur. Pour les parties. Pour la personne ainsi visée. Pour la lutte contre les violences sexuelles. Pour tous ceux qui attachent une quelconque valeur à la notion de dignité.
Troisième point.
M. Depardieu n’est pas devenu sacré, connu, puissant – qu’importe – parce qu’il était bien né.
M. Depardieu est né dans ce que les biens-nés considèrent être la fange de la société.
On rappelle à juste titre qu’il aurait affirmé, jeune, avoir participé à de nombreux viols, puisque, dit-il, c’était alors et là-bas « normal ». Notons cette double affirmation : en un temps et un lieu qui n’était pas celui de ses interlocuteurs, un autre rapport au monde et à l’Autre s’imposait.
Comme le raconte Saint-Augustin, Depardieu serait « allé aux abîmes », et l’on trouvera une similitude frappante entre leurs deux témoignages, à quelques siècles près. « J’allais aux abîmes, à ce point aveuglé qu’au milieu de jeunes gens de mon âge, j’avais honte de leur être inférieur en turpitude. Je les entendais se vanter de leurs dévergondages et se glorifier à proportion de leur infamie, et je me plaisais à faire le mal, non seulement par sensualité, mais aussi par vanité.
Qu’est-ce qui mérite d’être décrié si ce n’est le vice ? Et pourtant, pour ne pas être décrié, je me faisais vicieux, et quand je ne pouvais m’égaler aux pires par une mauvaise action, je feignais d’avoir commis ce que je n’avais pas commis ».
Depardieu semble singer Augustin, qui prétendit, en Cicéron, comme Depardieu le ferait en Musset, avoir trouvé ce qui « changerait en lui ses sentiments » pour s’extirper de ce mal qui partout affleurait.
On rappelle moins que de la même façon qu’il aurait affirmé avoir participé à des viols, M. Depardieu dit avoir été violé, à de nombreuses reprises, puisqu’il a été prostitué, dès l’enfance, avant d’être payé pour protéger des prostituées. Qu’il décrit cette fréquentation, protectrice, comme l’une des plus précieuses de sa vie.
Qu’en penser, alors, de l’homme et de son passé, lorsque tous les versants sont reflétés ? Victime ou prédateur ? Victime et prédateur ? Qu’en déduire, sans se brouiller ?
Hypothèse : M. Depardieu est né dans la violence, et a tenté de s’en extirper, par l’art et la création, une sensibilité que personne ne peut sérieusement nier.
Jusqu’à devenir sacré. Jusqu’à se montrer en capacité d’en parler. Jusqu’à éventuellement, pouvoir en abuser.
C’est pour cela qu’il en parle. Comme pour l’exorciser.
C’est pour cela qu’il joue. Qu’il s’est plongé dans la littérature.
Jusqu’à l’épouser, déployant ce que l’on dit un immense et vorace talent : un génie. Qui n’est qu’une projection, une inversion de toute la saleté de l’humanité, générée par notre société, en un espace, sublimé, celui du théâtre et du cinéma, de la représentation, censé prévenir la répétition traumatique, tant pour ceux qui y participent que pour ceux qui vont y assister.
Ce talent, et cette sensibilité, seraient ce qui explique qu’il y en ait tant pour le défendre.
Que l’on cherche même quelque part à lui offrir une impunité
Pour qu’il puisse l’approcher, cette saleté. La subvertir, puis la dépasser.
Peut-être également est-ce le succès, qui en a tant fascinés, et dont on peut parfaitement supputer qu’il ait eu un double effet : qu’il ait amené, d’un côté, M. Depardieu à se montrer délicieux et prévenant avec ceux qu’il admirait, et détestable et empiétant avec ceux qui venaient des mondes qui l’avaient enfanté.
Ambivalence qui explique peut-être la gêne qui a saisi à la vision des images de Complément d’enquête – recherchant le spectaculaire et le scandaleux, plutôt qu’une quelconque forme de pensée.
En ce Complément d’enquête, putassier, on voit en effet un homme qui soudain, par son occupation de l’espace, en un pays étranger, un pays dictatorial, s’impose physiquement dans celui de sa traductrice, qui sait qu’elle ne peut se planter, que la moindre friction avec son prestigieux invité 4 pourrait emporter ses destinées, puisqu’il est un invité d’État et qu’en quelques sortes, il bénéficie à ce titre d’une forme d’impunité.
Depardieu, qui le sait, décide d’en jouer. Et d’en abuser.
Il y mime, ou y adopte, le comportement habituel de ce que la doxa considère être les prédateurs, incapables de respecter l’espace de l’autre, prenant plaisir à y pénétrer.
La blague vaseuse sur la jeune enfant qui fait de l’équitation, en un pays où personne ne comprend ses propos, est équivalente à celle qu’il fait sur les gaz au début de ce reportage, et en cela, rien à côté de ce geste, de l’occupation de l’espace déplacée qu’il va mettre en œuvre aux côtés d’une accompagnatrice tétanisée. M. Depardieu, lorsqu’il prononce ces propos sinistres, ne le fait pas pour que ce soit rapporté, mais pour impressionner, heurter, amuser ceux qui sont à ses côtés. Il sait l’objet de sa « blague », cet enfant, incapable de le comprendre, et cela le renforce dans la volonté de pénétrer cet espace pour le déformer. De transgresser.
Il fait comme tant de touristes à l’étranger, jouissant de ce sentiment d’incompréhension qui leur est offert par le mur de la langue, et leur permet de raconter n’importe quoi à un être en chair et en os qui leur fait face, profitant de cette merveilleuse impunité qui leur permet à la fois de ne pas les heurter et de ne pas être sanctionner. Il pousse ce rapport à l’extrême.
Il est normal, revenu dans un univers linguistique partagé, de le condamner. On ne rit pas de ces choses-là. On ne touche pas à ces choses-là. Mais il est intelligent aussi de le contextualiser, et de comprendre que ce n’est pas ce geste-là qui doit nous inquiéter.
Mais plutôt celui commis, auprès de cette traductrice, soudain arrinconada, cornérisée – il est intéressant que la langue française n’ait pas véritablement de mots pour traduire ce geste d’encerclement de l’autre, assiégée dans un coin – et ce visage qui soudain, quelques plans plus loin, se ferme, après une autre « blague », sur une terrasse.
Ce visage qui terrasse, soudain.
Cette dureté.
Voilà pour la nouvelle facette. Celle que l’on a décidé, soudain, à la lumière d’une accusation de viol, de révéler. Car M. Depardieu, jusqu’ici, a été dans l’espace public l’être qui parlant de lui ou d’autres, se montrait capable de le faire avec une intense douceur et sensibilité, dénuée de la moindre ambigüité, à fleur de peau et semble-t-il impossible de qui que ce soit blesser.
Cela nous amène à la question que tous, naturellement, ont envie de se poser.
M. Depardieu est-il un violeur ? Voilà la question à laquelle tous semblent enjoints de répondre, mais il y a comme un malaise, une gêne, à se la voir posée – ce qui explique que tant aient le réflexe de renvoyer à la justice, pour esquiver, comme si celle-ci n’était pas composée d’hommes et de femmes tout aussi incapables que nous, quels que fussent leurs instruments, de se prononcer sur la vérité d’un être, ainsi réclamée.
Il convient donc peut-être, avant de se précipiter, de s’interroger sur cette recherche d’essentialisation qui nuit tant à la victime qu’au mis en cause, avant même de s’interroger sur l’indécence consistant à porter dans l’espace public un tel débat sur une affaire de cet ordre-là, 5 sur un être quelconque, mis à nu et décortiqué dans son intimité, au nom d’on ne sait quoi – un ordre public, certes, mais également et plus probablement, un voyeurisme né d’une insondable curiosité, d’une curiosité née de l’insondabilité.
Car la véritable question est la suivante : faut-il être violeur pour violer ? Et le violeur l’est-il systématiquement, par nécessité ? Non. C’est absurde. Et c’est ce qui devrait inquiéter. La théorie du « continuum » qui habite certaines pensées féministes et a tant nourri les différentes procédures récentes semble mal placée, et ne pas interroger son sujet.
Non, pour une raison très simple : nul besoin « d’être violeur » pour violer. Nul « violeur » – outre cas extrêmes et psychopathologiques – qui systématiquement, l’est.
Alors, pourquoi cette question qui lancinante, nous est posée ?
Il apparaît d’autant plus important de l’interroger, cette question, que l’extension de la définition du crime de viol est devenue telle que toute friction dans le rapport au consentement semble désormais pouvoir l’englober.
Pourquoi donc, alors que l’on ne cherche pas à savoir, pour condamner ou non quelqu’un qui a volé, s’il est ontologiquement voleur, pourquoi donc faudrait-il savoir, pour savoir si une infraction de viol a été commise ou non, si l’être qui l’a commise est violeur, transformant les procédures judiciaires, et des magistrats censés être saisis in rem, en des inquisiteurs se croyant saisis in personam, fouillant jusqu’aux tréfonds de la personnalité et du passé des personnes concernées, cherchant à absolument les diaboliser ou les sanctifier ?
Pourquoi donc ce qui apparaît nécessairement comme une dérive qui menace les fondements mêmes de notre droit, et nous expose à dépasser toutes les limites, à les violer ?
Une réponse peut être apportée.
Parce que l’on a fait du viol ce qui fixe la limite de l’humanité. N’est pas humain celui qui s’impose à l’autre dans son intimité. Or l’appartenance au genre humain est un invariable. On en est ou on n’en est pas. Celui qui une fois transgresse transgressera toutes les fois.
Ce déplacement de l’objet de nos questionnements, de l’objet au sujet, du geste à l’être, explique d’ailleurs paradoxalement que se soit formée autour de cette infraction une telle impunité.
C’est parce que l’on a fait du crime de viol un absolu, dont les conséquences en cas de condamnation dépassent largement l’espace judiciaire – entraînant une éradication définitive, totale, une mort sociale persistant bien au-delà de la peine infligée – que l’essence de l’être qui le commettrait est devenue, plutôt que le geste, notre sujet.
On sait qu’en condamnant un être pour ce crime, on le condamnera tout entier, sans possibilité pour lui de se voir rédimer. Et la question qui se pose devient naturellement : sommes-nous prêts à condamner cet homme, bien plus que le geste qu’il aurait généré ? D’où s’ensuit une relativisation paradoxale, au moment même où l’on porte au pinacle l’importance attribuée au sujet.
La situation s’est, là encore paradoxalement, aggravée ces dernières années. Le viol, tel qu’il est défini aujourd’hui, est devenu une infraction sans traces. De la définition traditionnelle, qui le rattache étymologiquement à la violence, il est devenu un intangible, présence-omniprésence qui à tout instant peut être alléguée.
Et par conséquent le viol est paradoxalement devenu un improuvable. Parole contre parole. Pas de preuves. Il faut deviner, s’immiscer dans un espace qui, pour être défini comme intime, exige justement d’écarter tout regard extérieur, enquêter sur les personnalités de l’un et de l’autre – plus souvent de l’un, le mis en cause, que de l’autre – pour se décider. Encercler.
Dans le même temps, le déséquilibre, lui, s’est aggravé. Si pour la véritable victime, il est toujours aussi difficile, incertain, et potentiellement dévastateur – quelque part, donc, absurde – de se confronter à son bourreau à travers l’appareil judiciaire pour tenter de se réparer ; les choses ont été facilitées pour la fausse victime, qui se sait désormais renforcée par la présomption de véridicité offerte à sa parole ; disposer d’une parfaite impunité, et même, en un retournement du stigmate dont on mesure mal la portée, y trouver à se voir valorisée. Là où la procédure judiciaire est traumatique pour la victime et le mis en cause, elle propose un jeu de rôles agréable et confortable pour celui ou celle qui singerait et mentirait.
La fausse accusation rend en effet sans pesanteur et protectrices les milles étapes formalisantes, ahurissante de lourdeur et d’artificialité, que propose la procédure judiciaire. De facto sans conséquences, elle est une arme de destruction massive contre celui ou celle qui s’en verrait visé, que l’on peut s’offrir à peu de frais. L’honneur en nos sociétés étant une valeur effondrée, il ne faut se surprendre que cette arme soit toujours plus mobilisée.
Parole contre parole, donc, mais contrairement à ce que l’on croit, désormais largement au détriment de l’accusé, en particulier celui étant socialement exposé, qui, accusé, se verra dans l’espace public préventivement condamné, en une présomption entâchante dont il ne se défera jamais tout à fait ; et dans l’espace privé, durablement atteint, si ce n’est dévasté.
Parole contre parole, donc, en un processus qui, par effets accumulatifs, menace la société. Rappelons que contrairement à ce qu’affirment certains militants, le taux d’acquittement aux assises en cas de poursuites pour violences sexuelles est de 4,6%. Qu’en notre système, donc, ce n’est pas l’impunité qui est consacrée mais au contraire la culpabilité qui, pour quiconque se trouve pris dans les rets du judiciaire, est présumée.
Qui est renvoyé, en France, renvoyé en procès est, avant même d’être entendu, condamné.
Parole contre parole, donc. Avec cette conséquence : concernant cette infraction sans trace, se construit un dispositif judiciaire par lequel, trop souvent, seul l’aveu permettrait d’établir définitivement le fait.
Or l’aveu exige l’humanité. Et le violeur, par définition, nie l’humanité, celle de l’autre et par ricochet la sienne. Il sait par ailleurs qu’il sera mis définitivement au ban de l’humanité s’il avouait. Le violeur, s’il l’est ontologiquement, est donc celui qui, dans l’incapacité d’élaborer, ne saura se reconnaître comme l’étant. Et s’il l’a été ponctuellement, il est celui qui sait qu’il devra, pour subsister, absolument nier l’avoir été, puisqu’autrement, au violeur ontologique il se verra renvoyé.
Nous voilà pris dans le piège. En une circonstance comme une autre, l’aveu est impossibilité par l’absolutisation du crime. On ne peut donc pas se reposer sur ce qui fonde pourtant le fonctionnement de notre justice, construite depuis un millénaire sur cette aspiration et cette idéalité : celle de faire avouer.
La boucle se referme. Car que faire, faute d’aveu ? Eh bien, encercler. Pour prouver ce qui ne peut pas l’être, l’on s’en remet à une tentative de caractérisation de l’être, de l’auteur de l’infraction, plutôt que de l’infraction elle-même. On l’interroge, le sonde, on cherche à savoir qui il est. Est-il un violeur – et donc – a-t-il violé ? La victime est-elle une menteuse, une opportuniste, une prostituée, et donc a-t-elle fabulé ?
Cette inversion est dangereuse, parce qu’elle nous fait revenir à l’inquisition, à cette idée que c’est l’être qui serait à sonder, interroger, puis éliminer, et non le geste à établir puis sanctionner. Elle repose sur l’illusion, sur laquelle la civilisation était heureusement revenue, qu’il y aurait une vérité de l’âme, et que sur l’âme, l’institution judiciaire pourrait dire une vérité.
Le problème est que ce n’est pas vrai. Que l’institution judiciaire, profondément défaillante et plus profondément encore aveugle, a déjà souvent bien du mal à déterminer les faits. Alors, l’être…
L’être qui n’est par ailleurs pas univocité.
M. Depardieu peut à la fois être un homme à la parfaite sensibilité, et capable d’arrinconar une femme qui, en position de subordination, se retrouvera sans droit à lui résister.
Il y va, il pousse, mais, rappelons-le dans cet épisode, pour dégoûtant, répugnant, inquiétant qu’il soit : il s’en tient là.
Il n’a pas, là, violé. Qui sommes-nous pour dire qui il est, et par conséquent, qu’en d’autres circonstances, il l’aurait fait ?
Mme. Arnould se dit violée parce qu’elle n’aurait pu consentir, pas parce qu’elle y aurait été objectivement forcée. Parce qu’elle était trop fascinée. Trop exposée. Parce que M. Depardieu était un génie, un monstre sacré, et un homme avec lequel elle entretenait, elle, femme fragile et cherchant des voies pour se construire, depuis l’enfance, une trop grande proximité pour pouvoir ne serait-ce que penser à s’y opposer.
Elle s’est dite sidérée.
On pourrait, elle aussi, la juger. Entrer dans l’indécence. Dire qu’elle-même semble avoir ses ambigüités. La nécessité d’exposer dans l’espace public son « traumatisme », de se rendre visible, de se voir filmée, pourrait être décryptée, et dénoncée dans son ambivalence. Elle dont le devenir est, comme celui du mis en cause, suspendu à une procédure judiciaire qui depuis cinq ans les fait tous lambiner, que connait-on de ses véritables ressorts ? Comment les explorer ? Et comment en juger ?
Le même réflexe de pudeur qui retient le jugement devrait s’appliquer tant à elle qu’à M. Depardieu, sans que cela ne vaille blanc-seing, sans que cela ne soit indécent.
Non parce qu’il ne nous appartient pas de juger. Mais parce que l’on doit juger des faits. Et non des êtres.
J’ai entendu certains spéculer sur Mme. Arnould, et considérer que tout cela n’aurait été, de façon moins avouable, qu’une façon de compenser ses échecs, de se venger, ou même d’utiliser, elle l’apprentie actrice, un puissant qu’elle percevait comme détenant les clefs de sa vie, et qui les lui aurait refusées.
Voyez la pente glissante, et les difficultés aporétiques où l’on nous a placés.
Elles sont insupportables, ces spéculations. Parce qu’il est insupportable de creuser ainsi l’âme de l’autre, la grignoter et l’éroder, dans l’espace public ou privé, sans avoir eu à la connaître ou à la fréquenter. Car, comme nous, faute des faits, il est insupportable que la justice, dans la froideur de ses commissariats et de ses cabinets, cette justice emplie de préjugés et dénuée de moyens, se croit en mesure, avec à l’aide de quelques experts, de les arrêter et les juger, et prenne le risque de l’erreur, du mauvais condamné.
Dernier point. Si l’on revient à M. Depardieu, et à cette notion de contrainte morale, une question doit être posée : comment rendre coupable un être de ses qualités ? Lui qui n’est initialement accusé que d’avoir été trop grand, trop puissant, et d’avoir de ce fait séduit – au sens le plus littéral du terme – une frêle personne jusqu’à le mener à son lit.
La réponse a de quoi terrifier.
En le salissant et en l’avilissant. En allant fouiller et montrer des gestes sans rapport ni lien avec le viol dont il est accusé.
En construisant un continuum qui permettra de pouvoir dire : voilà un être à juger et condamner.
Lui plutôt qu’un geste qui lui, demeurera inexpliqué.
Comment le condamner d’avoir été ce que l’on a tant désiré et admiré, sans qu’à un quelconque moment, un geste, un mot, en cette affaire ait été déplacé ?
En le salissant, et en l’avilissant, par l’extérieur. En allant fouiller et montrer des gestes sans rapport ni lien avec le viol dont il est accusé.
En construisant un continuum qui permettra de pouvoir dire : voilà un être à juger et condamner.
Et c’est évidemment ce qui est arrivé, Mediapart en tête, toujours plus creusant, en ces affaires, dans l’indignité, allant en une autre affaire jusqu’à aligner les victimes comme du bétail, pour prouver.
Or tout cela ne permet en rien de prouver quoi que ce soit. Mais simplement d’encercler.
Voilà pourquoi le président de la République a parlé de chasse à l’homme. Car c’est littéralement cela, dont il est question. Car c’est littéralement à cela que la théorie du continuum cherche à nous vouer.
Car c’est la seule façon qu’a trouvé la justice, mais également la société, de gérer ces dossiers sans faits, tardant en conséquence des années pour se prononcer.
Chasser les hommes et les femmes, victimes comme accusés. Pour, par l’extérieur, trancher. Juger et condamner, absoudre ou dévaster.
Absolument. Entièrement. En contournant l’obstacle : celui du geste dont ils sont accusés.
Voilà naturellement pourquoi tant de personnes qui ont connu intimement M. Depardieu se sont levées pour le défendre, lui qu’elles ont connu comme il a été, y compris à l’égard de Mme. Arnould : en l’intime et non socialement, lorsqu’il désirait une femme, et non s’en amuser, prévenant jusqu’au bout, sans rien forcer.
Notons qu’aucune personne qu’il a intimement connue, c’est-à-dire avec laquelle il a eu un rapport sexuel ne l’accuse d’avoir débordé au cours de celui-ci ou dans l’immédiate précédence, alors que des dizaines l’accusent, par l’extérieur, de comportements déplacés.
S’en déduit que M. Depardieu aurait de lui-même brisé ce faux continuum que l’on ne cesse de tenter de créer, en distinguant de lui-même le comportement machiste, dégueulasse, insupportable mis en œuvre dans l’espace social, de celui qui aurait cours dans l’espace du rapport intime, de la séduction, du lien amoureux et sexuel, qui s’en serait trouvé préservé.
Cela doit-il valoir certificat d’impunité ? Non, et c’est bien pour cela que la société s’en est saisie.
Pour condamner ce qui la concerne, et ne concerne pas l’État. Celle du gros dégueulasse qui laisse traîner ses pattes et, de commentaire graveleux en dégradation psychologique, participe, dans l’espace public et moral, d’un ordre patriarcal passé.
Cela en-fait-il un violeur, dans l’espace privé ? Non. Et rien ne permet de l’affirmer.
Car l’ordre social n’est pas l’ordre de l’intime. Et parfois, il en est même l’opposé.
On ne condamne pas un homme, mais un geste, lorsque l’on décide d’ester en justice.
Voilà ce que nous tous, à commencer par nos magistrats, semblons avoir oublié. Voilà ce que ses plus proches ont semble-t-il tenté de rappeler.
Cela pose la question de la définition actuelle des infractions judiciaires, et des limites du système dont on a hérité. Cela pose la nécessité de créer une infraction d’abus sexuel, distincte de l’agression sexuelle et du viol, qui comportent, étymologiquement, la notion de violence, laissant une trace sur un corps, et non sur une âme, et qui sont sans rapport avec la société.
Voilà donc une infraction qu’il nous faudrait créer, si l’on cherchait à mêler espace social et ordre étatique.
S’imposer à un autre être qui a résisté. Voilà ce que doit, devrait être et demeurer qualifié de viol, sauf circonstances exceptionnelles (abolition volontaire du discernement du tiers par l’administration de substances toxiques ; capacité objective de contrainte sur l’autre, par exemple dans un cadre d’ascendance familiale doublée de minorité, etc).
Tout le reste est dérive et tentative de justification d’une dérive insensée, qui dans l’absence de geste et d’élément objectif, abattra nécessairement les êtres, sans ne jamais approcher une quelconque vérité.
Et dès lors, à tous les arbitraires menace de nous exposer, ainsi qu’à toutes les tentations et tous les excès.
À commencer par ceux de la rumeur publique, du portrait impressionniste qui, par incompréhensions successives, haine ou phobie de l’étrangeté, obsession de la normativité, condamnera celui qui n’a rien fait.
Dérive insensée, car elle crée un jeu, une incertitude dans le rapport à l’autre qui atteint au plus précieux de toute société, la capacité à se lier. À explorer et se différencier. À exister en tant qu’individualité.
Dérive insensée, parce qu’elle permet à l’État de s’immiscer là où on l’a toujours tenu écarté.
Dérive insensée enfin, parce que, loin de nous protéger, elle ouvre la porte à ce que des magistrats se voulant ou croyant omniscients, se saisissent de ce qu’ils ne peuvent déterminer, pour juger et condamner, sur le fondement de ouï-dires que rien ne pourra jamais prouver.
Cette dérive offre un pouvoir démesuré à trop de personnes – policiers, magistrats, particuliers… société – qui, pour une infinité de raison, seront exposés à la tentation d’utiliser cette extension paradoxale du domaine du viol, non pour aider les victimes, mais solder leurs comptes, profiter d’un sentiment de toute puissance, projeter leurs névroses ou simplement errer, exposant les véritables victimes à la décrédibilisation de leur parole et à une réaction toujours plus inquiète et rétive du reste de la société.
Il existe un risque sérieux de ce que la justice, se croyant consacrée par ce mouvement, devienne le vulgaire instrument de la petitesse humaine, instrument de la certitude, la vengeance, la projection, le mimétisme ou l’obsession, dont le droit est censé nous protéger.
Le bon sens et l’inquiétude des magistrats, tout autant que leur lâcheté, explique probablement que d’une façon ou d’une autre, ils aient cherché à tant faire durer, comme inquiets d’eux-mêmes et de ce qui leur est demandé, la procédure dont il est ici objet.
Cela doit à la fois nous rassurer, et nous inquiéter
Cinq ans et demi après les faits, M. Depardieu n’a pas été jugé, a fortiori condamné. Et la justice est paralysée.
Parce qu’il n’y a pas de geste. Et qu’on ne leur a proposé, en toutes ces années, que des êtres à juger.
Ces magistrats, qui savent que l’institution judiciaire ne sait que faire des êtres, et n’a été instituée que pour juger de faits, n’ont eu ni le courage de se trahir, ni de renoncer à juger. Alors, s’il fallait le leur rappeler : la justice n’a, n’aura jamais, et ne devrait jamais avoir la possibilité de sonder les âmes.
Elle ne l’a eu qu’une fois. Au cours de l’inquisition, qui se croyait omnisciente et divinement ordonnée.
Délestés de l’idée qu’un Dieu qui les hommes en robe ordonnerait et inspirerait, il nous appartient de tout faire pour, nous tenant de ces fantasmes écarts, nous rappeler à notre condition humaine, strictement humaine, et nous interdire tout débordement, toute pénétration indue d’espaces réservés.
Faute de quoi c’est aux portes de l’enfer que nous finirons par toquer.
DESCRIPTION DES FAITS PAR LES ENQUÊTEURS SUIVANT LA VIDEOSURVEILLANCE
09H21 : « Gérard Depardieu lui prend la main et la tire vers lui. Elle se lève et se met debout face à lui, ses mains toujours derrière son dos. Gérard Depardieu glisse ses mains sous et dans le short de Charlotte. Il semble se lécher les doigts. Tous les deux discutent.
09H26 : « Gérard Depardieu attire vers lui le visage de Charlotte Arnould. Il s’ensuit un baiser long. Charlotte a toujours les mains dans le dos. Puis tous les deux discutent. Gérard Depardieu glisse à nouveau ses mains sous le Tshirt large de Charlotte. Lui touchant la poitrine, puis à nouveau l’entrejambe.
10H : Gérard Depardieu fait un signe de tête pour désigner l’étage. Elle acquiesce de la tête puis elle pointe du doigt l’escalier ou l’étage pour, semble-t-il, demander confirmation. Il se lève de sa chaise. Charlotte semble toujours calme. Elle le suit. Tous deux montent à l’étage en empruntant le grand escalier.
10H22 : Sortie de Charlotte Arnould, laquelle traverse la cour d’une démarche normale, aux pas assurés.
Coline Fay, coupable d’avoir aimé.
Coline Fay, coupable d’avoir aimé.
Coline Fay est en prison depuis un mois et demi et encourt la perpétuité pour avoir réclamé la démocratie et la liberté que son président promettait.
Coline Fay est enfermée dans une cellule avec trente-cinq autres femmes persécutées, entourée de mille autres prisonniers politiques.
Coline Fay doit être libérée.
En Guinée-Bissau, un coup d’État est en cours.
En Guinée-Bissau, un coup d’État est en cours.
Bissau est un narco-état dirigé par Umaro Sissoco Embaló, un homme qui se présente comme le petit frère Macky Sall et ami de Brigitte Macron.
Il s’agit de la plaque tournante de la cocaïne qui empoisonne l’Afrique de l’Ouest et que consomment nos dominants.
Son Président est un proche d’Alexandre Benalla et de Ludovic Chaker, l’homme de main d’Emmanuel Macron chargé de faire disparaître le coffre fort de Benalla et de venir me menacer à mes fenêtres.
Sissoco Embaló a perdu les élections legislatives.
Il a donc décidé de mener à bien un coup d’Etat.
Après avoir fait dissoudre le parlement de façon inconstitutionnelle, il a gazé les députés et menace désormais la vie du Président du parti d’opposition, Domingos Simoes Pereira.
Quelle est la réaction de la France ? Voyez. Regardez.
C’était aujourd’hui. A l’Elysée. Alors qu’en Guinée-Bissau, la démocratie est entrain de s’effondrer.
L’homme que vous voyez avancer en grande pompe, sous les honneurs de la garde républicaine, c’est Umaro Sissoco Embalo.
Et celui qui le reçoit affectueusement, c’est Emmanuel Macron.
La France, sans un mot, par ces seules images, approuve donc un coup d’Etat en Guinée Bissau.
Interview France Bleue Isère: détention de Coline Fay
Interview France Bleue Isère: détention de Coline Fay
Retrouvez l’interview de Maître Juan Branco sur France Bleue Isere
Coline Fay, l’otage de l’Elysée, entame son dixième jour de grève de la faim.
Coline Fay, l’otage de l’Elysée, entame son dixième jour de grève de la faim.
Silence complice : L’affaire Coline Fay, la France et le Sénégal dans l’ombre de la répression politique
Silence complice : L’affaire Coline Fay, la France et le Sénégal dans l’ombre de la répression politique
Coline Fay, citoyenne française de 26 ans, vient d’être placée en détention au Sénégal.
Elle est accusée d’avoir participé à une manifestation pacifique le 17 novembre dernier.
Pour cela, elle encourt la perpétuité.
L’incrimination ? « Association de malfaiteurs terroristes ; complicité contre l’autorité de l’état, actes ou manoeuvres de nature à compromettre la sécurité de l’Etat ».
Mais il y a plus grave.
L’Elysée, prévenu depuis cinq jours, a sciemment laissé faire.
Je le répète: l’Elysée, prévenu, a laissé placer en détention illimitée, en les conditions que l’on sait, une citoyenne française de 26 ans parce qu’elle soutenait le droit d’un opposant à se présenter à une élection.
Le Président du Sénégal s’est vu offrir une immunité diplomatique par la France il y a deux semaines seulement en étant nommé « envoyé spécial » du « Pacte de Paris pour la Planète et les Peuples » (sic), après avoir massacré 60 manifestants et blessé des milliers.
Il est le plus proche allié d’Emmanuel Macron en Afrique.
Coline Fay rejoint, en des conditions de détention atroces, les près de 1000 prisonniers politiques détenus par ce régime, et de nombreux corps torturés.
Par un régime que la France a choisi, urbi et orbi, pour premier allié.
Nous exigeons que lui soit rendue sa liberté.